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À propos de la connerie

Du lundi au vendredi, la version quotidienne en ligne du mensuel Philosophie magazine nous livre sa Lettre, signée d’un des éditorialistes de la revue.

L’exemplaire de la Lettre du 19 octobre est signé par Martin Legros, qui lui a donné le titre suivant, quelque peu inhabituel : J’en peux rien si je suis un gros con ! (sic). Invité à intervenir lors de la Semaine de la pop philosophie, tenue à Marseille et consacrée aux « Constellations de la connerie » (resic), il a eu l’idée astucieuse de partir du personnage de François l’Embrouille, alias le génial humoriste et acteur belge François Damiens, qui interprétait des versions délirantes de la caméra cachée dans lesquelles il se complaisait dans le rôle du « gros con ». Parti de ce personnage loufoque, Martin Legros en arrive, par un raccourci assez étrange, à Clément Rosset et à son Traité de l’idiotie.


Si donc j’ai eu envie de parler de connerie, c’est parce que je viens d’assister à un échange d’amabilités assez savoureux sur Facebook entre une vieille amie commune de ma femme, de moi-même et de mon petit frère, Patrick, lequel a réagi à une des nombreuses publications de cette amie de longue date.

Commençons par planter sommairement le décor, en l’occurrence les deux protagonistes de cet échange.

L’amie en question, cela fait plus de 50 ans que ma femme la connaît ; elles jouaient régulièrement au tennis l’une contre l’autre avant que je ne les connaisse. Je la nommerai par ses initiales, F. M., qui sont aussi celles du fusil-mitrailleur, coïncidence particulièrement savoureuse quand on la connaît.

Elle était avocate, mais, chose étrange pour une féministe convaincue, elle n’a jamais voulu se présenter comme « avocate » mais comme « avocat », quand elle était en activité professionnelle.

Elle est surtout de sensibilité anarchiste, ce qui peut paraître assez surprenant quand on sait que le cabinet dans lequel elle exerçait son estimable profession, qui était précédemment celui de sa mère, également avocate, était situé dans l’Ile de la Cité, aux pieds de Notre-Dame, dans un bel immeuble haussmannien.

Sur mon petit frère, qui a cinq ans de moins que moi, je ne dirai qu’une chose, c’est qu’il déteste la bien-pensance, surtout quand elle émane de la gauche dite « caviar », à laquelle F. M. appartiendrait selon lui, d’autant qu’il la connaît aussi depuis longtemps, par le biais du club de tennis où ils jouaient tous les deux, mais pas l’une contre l’autre.


Pendant toute la période de la crise sanitaire F. M. n’a cessé de vitupérer sur Facebook contre ces « connards » de décideurs (Macron en tête de gondole) qui l’empêchaient de parcourir la France en tous sens pour participer aux tournois de tennis qu’elle continue d’affectionner. Et Patrick ne manquait jamais une occasion de lui répondre en la traitant de râleuse invétérée, quand ce n’était pas d’emmerdeuse publique. C’était souvent tendu, mais toujours assez drôle et somme toute plutôt bon enfant.


Voici l’échange, que m’a montré ma femme (je ne vais jamais sur les réseaux sociaux, contrairement à elle). Le point de départ est un message qui paraît assez consensuel à première vue, relayé par F. M., qui dit en substance : le problème, ce n’est ni les Blancs ni les Noirs, ni les Juifs ni les Arabes, le problème, c’est les cons.

Ce à quoi Patrick a répondu du tac au tac : « ceux qui parlent des cons semblent toujours penser qu’ils n’en font pas partie. La prétention est mieux partagée que la connerie. »

C’est en partie pour ce genre de réaction épidermique que j’ai une profonde affection pour mon petit frère, même si nous ne nous le disons jamais.


Et puis n’oubliez pas d’aller voir ou revoir Adieu les cons, le superbe film du génial Albert Dupontel.



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